La radicalisation : un phénomène sécuritaire d’ampleur en Europe

La section française de l’IPA et plus particulièrement sa Commission Nationale Professionnelle (CNP) en collaboration avec le centre IBZ de GIMBORN, (Allemagne) a organisé du 8 au 12 avril le séminaire annuel professionnel sur le thème de la radicalisation
La radicalisation est aujourd’hui un phénomène qui touche tout l’espace public (le domaine sportif, l’entreprise, la prison, la vie quotidienne etc…) Terreau du terrorisme, elle est l’objet d’inquiétudes de la part des gouvernants qui ont mis en place des mesures pour tenter de prévenir mais également de sanctionner les individus qui se radicalisent. Depuis les attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015 et du Bataclan en novembre de la même année, chaque citoyen et à fortiori chaque policier est sensible à cette thématique. C’est ainsi que la participation au séminaire a été très importante.
Nous avons pu retrouver les fidèles de GIMBORN mais aussi des anciens participants qui revenaient après plusieurs années d’absence et surtout cette année a été l’occasion de faire connaissance avec de nombreux jeunes adhérents participants pour la 1ère fois au séminaire. Cette belle mixité des participants a permis des échanges constructifs et enrichissants. Nos amis allemands, belges et suisse étaient eux aussi au rendez-vous.
Les nouveaux participants ont pu dès le dimanche soir, se rendre compte de la convivialité et de la fraternité qui règnent au sein de ce château, lors d’un repas pris tous ensemble dans la cave à vin de la taverne. Ce fut déjà l’occasion de faire connaissance et d’échanger.
Ce séminaire a été émaillé par un hommage à Michel NOISILIER, notre trésorier national, décédé en mars. Cet hommage me semblait nécessaire et important, Michel a été une figure de l’IPA France et son franc parler et sa loyauté ont été louées et nous manquent. Il était d’ailleurs venu se rendre compte par lui-même de l’ambiance au séminaire de GIMBORN et avait participé il y a 3 ans à cette belle semaine de convivialité, d’échanges et de connaissance. A chaque fois, que je reviendrai à GIMBORN, je me souviendrai de lui à la Taverne nous offrant, généreux comme il savait l’être, le verre de l’amitié
Ce fut un moment de grande émotion pour chacun de nous et nos amis étrangers se sont joints à nous dans cette démarche.
Le séminaire a débuté, après les présentations d’usage de chaque participant, lundi 8navril après-midi avec l’intervention de Madame Aurélie G, assistante spécialisée dans la lutte contre la radicalisation au Cabinet du Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de PARIS. Elle a évoqué avec nous la double réponse de l’institution judiciaire que sont la prévention et la répression. Après avoir expliqué que le terme de radicalisation était assez récent, elle a donné une définition de ce terme tout en indiquant que la loi pénale n’incrimine pas la radicalisation. La justice a souhaité anticiper le phénomène en mettant en place des plans de lutte anti-terroriste et en coordonnant les actions judiciaires et administratives.
Dès le soir mêmr, nous nous retrouvions pour la traditionnelle soirée française à la Taverne. Elle est l’occasion de mettre à l’honneur nos amis étrangers, belges, allemands et suisse en leur faisant gouter les spécialités culinaires françaises, rapportées par chaque participant français de sa région et c’est autour (pour changer) d’un bon verre de vin ou d’une bière du Nord que nous avons entonné les paroles de chansons françaises, accompagnées au piano par Franz HEINRICHS.
Mardi matin, Ismaël R., chef de la mission interrégionale de lutte contre la radicalisation violente des services pénitentiaires de Paris prenait le relais. Il nous dressait un état de la situation dans les maisons d’arrêt et nous énumérait les mesures prises pour lutter contre ce phénomène et celles relatives à la prise en charge des personnes placées sous main de justice. Il nous indiquait qu’à ce jour 220 terroristes islamistes sont actuellement incarcérés dans les maisons d’arrêt françaises. Le plan de lutte anti-terroriste mis en place se décline en trois temps : détection, évaluation avec des QER (quartier d’évaluation de la radicalisation) et prise en charge de ces individus avec la création de quartier de prise en charge de la radicalisation violente. Il a captivé son auditoire avec des exemples concrets.
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Mardi après-midi, ce fut au tour du commandant EF Olivier C, chef du département de lutte contre a radicalisation de l’Unité oordination de la lutte Anti-terroriste (UCLAT). Véritable expert en la matière, il indiquait que son service devait être en mesure d’évaluer la menace terroriste chaque semaine. Après un bref exposé historique, il faisait vivre sa conférence avec de nombreux schémas et photos sur l’ampleur du phénomène. Il nous fournissait une liste non exhaustive des indicateurs de la radicalisation (indices comportementaux, personnels relatifs à l’individu, lié à ses discours et stratégies ou au profil pénal de l’individu), ce qui a particulièrement intéressés les collègues qui se trouvent chaque jour sur le terrain et peuvent être confrontés à ce phénomène
Mercredi matin, nous poursuivions avec la présentation de Ahmed A. chargé de recherche, doctorant à l’école des Sciences Criminelles de l’université de Lausanne (Suisse) qui a exposé ses recherches sur la complexité de la définition et sur la façon de penser la radicalisation. Il a évoqué les difficultés à sortir de ce phénomène, à se désengager et a démontré les écueils des programmes de prévention
A l’issue de cette présentation, notre groupe se rendait en fin d’après midi à COLOGNE. Une conférence était donnée par Ralf T., Kriminalhauptkommissar à la Préfecture de Cologne sur l’extrémisme islamiste en Allemagne. Nous étions reçus avec tous les honneurs par le préfet lui-même et après une conférence très intéressante, nous prenions la direction du centre ville pour un petit moment de détente. Une visite guidée de la cathédrale de Cologne était organisée pour ceux qui le souhaitaient par un guide confirmé. Les autres participants visitaient par eux-mêmes la ville et en profitaient pour faire quelques achats avant de se retrouver dans une brasserie typique de la ville.
Nous y dînions de façon conviviale avant de regagner notre site en fin de soirée.
La semaine de conférence se terminait par l’intervention de Jacques G, Commisssaire Divisionnaire de Bruxelles Ouest, englobant la ville tristement célèbre de Molenbeek. Malgré un sujet très sérieux sur l’ampleur de ce phénomène en Belgique et particulièrement dans la ville de Molenbeek, berceau de nombreux terroristes, Jacques G. a su captiver son auditoire avec l’humour belge qui le caractérise.
Les travaux en sous-groupes qui se déroulaient le jeudi après-midi, permettaient à tous les participants d’échanger de façon productive sur les conférences et interventions de la semaine, indubitablement de très grande qualité et les travaux produits par les participants étaient tous de très grande qualité à l’image des conférences de la semaine. Pendant ce temps, avec mon équipe, nous préparions la soirée de clôture de ce séminaire fort riche.
Puis jeudi soir, la soirée de gala clôturait notre séminaire, elle voyait dans le respect de la tradition, honorer notre ami suisse Ricardo, qui était sacré chien blanc, après que Peter LESSMAN FAUST eut conté à chacun de nos participants mais surtout aux nouveaux venus la légende du Chien Noir.
Chaque soir, les participants et les intervenants se sont retrouvaient à la taverne, quartier général du séminaire baptisée cette année « salle de sport » par certains adeptes d’un sport collectif et convivial ( !!!) et ces différentes soirées permettaient de renforcer les amitiés et pour les nouveaux participants de prendre la mesure de l’ambiance fraternelle au sein des membres engagés dans ce séminaire et de créer des liens.

L’osmose entre participants fidèles et anciens de GIMBORN et nouveaux venus était totale et GIMBORN 2019 a été un joli succès et un très bon crû qui restera dans les mémoires. J’ai savouré cette semaine comme d’habitude avec bonheur et délectation.
Ce séminaire, comme chaque année, s’est terminé trop vite. Les nouveaux venus ont été conquis par l’ambiance et la qualité des intervenants et ont promis de revenir l’an prochain. Ainsi chacun s’est quitté avec la promesse de se retrouver l’année prochaine pour de nouvelles aventures passionnantes dans une ambiance de connaissance, de convivialité, d’amitié et d’échange mais également de garder contact pendant cette année.
Prenez donc rendez vous pour 2020, le séminaire aura lieu du 20 au 24 avril 2020.
Je tenais à remercier Claire P., présidente de la commission nationale professionnelle pour son investissement dans cette commission et dans l’organisation de ce séminaire et son soutien sans faille.
Nathalie
Commission nationale professionnelle
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