Sentinelles de la Police nationale : prévenir le suicide au cœur des services

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Repérer, orienter, accompagner : un rôle essentiel confié aux pairs

Depuis 2018, la Police nationale déploie un plan ambitieux de prévention du suicide au travers du Programme de mobilisation contre le suicide (PMS). Au cœur de ce dispositif, les sentinelles jouent un rôle déterminant. Présentes dans tous les services, elles sont les « yeux et les oreilles » d’une vigilance collective, chargées de détecter les signaux de détresse et d’accompagner les collègues vers les ressources adaptées.

Pourquoi des sentinelles ?

Chaque année, des policiers mettent malheureusement fin à leurs jours. L’expérience a montré que beaucoup d’entre eux n’avaient jamais sollicité les réseaux de soutien pourtant disponibles. C’est pour combler ce vide que le réseau des sentinelles a été mis en place.
Leur mission n’est pas de remplacer les psychologues ou les médecins, mais de jouer un rôle de relais humain : aller au-devant d’un collègue fragilisé, oser engager la conversation, écouter sans juger et, si nécessaire, orienter vers les structures compétentes.

Un dispositif reconnu

Inspiré d’expériences menées avec succès au Canada et aux États-Unis, le dispositif a rapidement trouvé sa place en France. Recommandé par l’Organisation mondiale de la santé et soutenu par le ministère de la Santé, il est désormais intégré pleinement à la stratégie de prévention du ministère de l’Intérieur.
Au 31 décembre 2024, plus de 2 240 sentinelles avaient déjà été formées dans les rangs de la Police nationale.

Une formation exigeante mais accessible

Devenir sentinelle, c’est avant tout se porter volontaire. La candidature doit être validée par le chef de service, puis le policier suit un parcours de formation spécifique :

  • Une e-formation préalable, intitulée « Agir pour prévenir le suicide et ses conséquences ».
  • Un stage de deux jours, encadré par un binôme formateur/psychologue du SSPO, permettant d’apprendre à repérer les signaux d’alerte, à adopter la bonne posture et à orienter sans brusquer.

Cette préparation donne aux volontaires les outils nécessaires pour devenir de véritables « pairs éclairés ».

Une culture de prévention à bâtir ensemble

La prévention du suicide n’est pas qu’une affaire de spécialistes. Elle repose aussi sur l’attention et la solidarité entre collègues. Les sentinelles incarnent cette culture nouvelle : parler de la souffrance n’est plus un tabou, tendre l’oreille devient un réflexe professionnel.

En vous engageant comme sentinelle, vous devenez un maillon essentiel de la chaîne de prévention. Votre écoute et votre vigilance peuvent sauver une vie.

crédit photo : Un rôle de transmission et de sensibilisation pour soutenir les collègues en activité

Depuis 2022, la Cellule analyse prévention suicide (CAPS) a choisi de s’appuyer sur les policiers retraités pour renforcer la politique de prévention engagée au sein de la Police nationale. Ces anciens fonctionnaires, mobilisés en tant que réservistes, viennent compléter l’action des sentinelles et du Programme de mobilisation contre le suicide (PMS).

Des réservistes au service de la prévention

Issus des corps d’encadrement et d’application ou de commandement, les retraités volontaires sont formés au PMS. Leur mission principale consiste à sensibiliser les policiers en activité aux enjeux de la prévention du suicide, à présenter les réseaux de soutien existants et à promouvoir une véritable culture de vigilance dans les unités.

Lors de sessions organisées sur le terrain, ces réservistes rappellent aux sentinelles en activité la doctrine et la charte qui encadrent leur mission. Ils partagent aussi leur propre expérience, recueillent les difficultés rencontrées par les sentinelles et contribuent à faire évoluer le dispositif.

L’expérience au service des plus jeunes

La présence des retraités apporte une dimension particulière à ce dispositif : celle de l’expérience et du recul. Ayant connu les réalités du terrain, les réservistes sont en mesure de comprendre rapidement les signes de mal-être et d’échanger avec les actifs sans barrière hiérarchique. Leur intervention, empreinte de bienveillance, constitue un soutien moral autant qu’un rappel institutionnel.

Une mission qui a du sens

Pour de nombreux retraités, rejoindre ce programme est une manière de continuer à servir, au-delà de la carrière. Ils contribuent à sauver des vies, mais aussi à transformer durablement la culture professionnelle autour de la santé mentale.
Cet engagement, reconnu par l’administration, donne une nouvelle dimension à leur parcours : être encore utiles, transmettre et protéger, autrement.

Comment s’engager ?

Les policiers retraités intéressés peuvent se rapprocher de la CAPS pour proposer leur candidature. Une formation spécifique leur est dispensée afin de les préparer à leur rôle de sensibilisation.

📧 Contact : caps@interieur.gouv.fr

Votre expérience et votre bienveillance peuvent, elles aussi, sauver des vies. En rejoignant ce réseau, vous devenez acteur d’une prévention active et solidaire, même après la retraite.

Crédit photo : Tara Winstead sur Pexels

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